bouton_accueil_pour_magazine

Enregistrement de la Batterie

Attention, les conseils d'enregistrement ci-dessous sont généralistes
et doivent être adaptés à chaque environnement ou style de musique.


batterie

Avant de commencer...

Rappelons tout d'abord que sur les grosses productions, un intense travail est fait en amont par le réalisateur et le batteur pour choisir les éléments de la batterie, quitte à passer en revue des dizaines de caisses claires, de peaux, etc. Sans parler des débats sur les micros. Le tout bien entendu dans des studios aux dimensions conséquentes et bien traités acoustiquement, ce qui va avoir un impact certain sur le son.
De retour sur terre et en l'absence de ce genre de moyen, c'est donc vraiment au moment du mixage que l'on va "fabriquer", en quelque sorte, le son de batterie, lequel va de plus servir de cadre sonore à tout le reste. Evidemment, cela demande de disposer de la matière première.

La batterie est un instrument complexe du fait que, contrairement à un module de sons échantillonnés, tous les sons repassent un peu sur les micros des uns et des autres. C'est pourquoi, si pour être le plus clair possible il faut dérouler le processus élément par élément, la réalité du travail de mixage de la batterie implique en fait des allers et retours incessants entre éléments, et de fréquentes mises à l'épreuve du traitement sur un élément une fois mélangé avec les autres.
De même faut-il confronter en permanence ce travail avec les autres instruments de la musique pour juger des interactions, car il n'est pas rare d'avoir à modifier des détails plus tard au fur et à mesure que l'horizon sonore commence à s'éclaircir.

La grosse caisse

La grosse caisse ne pose pas de problèmes particuliers, avec une bonne frappe et un spectre sans résonances incontrôlées, mais qui appelle néanmoins l'utilisation d'un expanseur/gate, afin d'éliminer les résidus peu esthétiques du son de la caisse claire dans son micro, et quelques résonances graves résiduelles.

Attention, à l'utilisation du compresseur pour l'attaque, car il y en a souvent assez, du fait du choix de micro, du positionnement et de la frappe du batteur ! selon les besoins du titre vous pouvez utiliser un égaliseur pour diminuer l'agressivité en creusant autour de 3,8 kHz et en remontant un peu les aigus entre 5 et 16 kHz pour compenser.
Pour le reste de l'égalisation un passe-haut (HPF) de 18 dB/Oct. à 50 Hz contre les infrabasses, et un creux assez étroit de 8 dB à 150 Hz, pour diminuer une harmonique qui donne une certaine dureté à la grosse caisse.

Pour finir le plug-in "Lofi" de Digidesign, avec une once de distorsion, mais surtout une dose très faible de saturation (0,2 !), pour ecrêter modérément les attaques à la manière des magnétos à bande analogique.

La caisse claire

Sans surprise la prise de caisse claire est faite par un micro sur le dessus et un autre en dessous pour capter la vibration du timbre plaqué sur la peau inférieure.

Première vérification, ces micros étant orientés presque à 180° l'un de l'autre, les signaux se retrouvent inversés du point de vue phase, car au moment de la frappe de la baguette, la peau commence par s'éloigner du micro du dessus, mais s'approche simultanément de celui du dessous.
Du mélange des deux résulte donc une annulation partielle du son, sauf à inverser la polarité de la piste de timbre, de manière logicielle sur la piste elle-même ou avec un inverseur de polarité.
Une fonction présente sur nombre de console ou plug-in. Ensuite, cette deuxième piste est à mélanger à faible dose, avec une égalisation privilégiant l'apport spécifique du timbre dans les aigus au détriment de tout le reste...

Ceci fait, le son de la piste principale de caisse claire s'avère pour sa part assez large, sauf souvent une note résonante tenace, largement entretenue par un jeu qui fait la part belle aux ghost notes c'est-à-dire des petits coups en syncope entre les coups principaux.

Après réflexions, nous en avons conclu qu'il serait préférable de traiter séparément les impacts principaux et les ghost notes. Il faut commencer par dupliquer cette piste, et appliquer le module "Strip Silence de Pro Tools" en mode Extract pour faire disparaitre les coups principaux.
Sur la piste pricipale, en revanche, nous conseillons un "Expanseur/gate" pour faire disparaitre les ghost notes, afin de mieux contrôler l'enveloppe de résonance de la caisse claire.

Pour l'égalisation, un passe-haut à la pente très raide à 124 Hz pour chasser les graves parasites, et deux creux de -4 dB environ à 169 et 256 Hz, deux fréquences de résonances propre à la caisse claire et enfin un ajout de brillance là aussi de +4 dB environ sur deux bandes assez larges respectivement centrées sur 5 et 10 kHz.

Un compresseur de type"Smack de Digidesign" peut fermer la marche pour redonner un peu d'attaque, mais sans excès.

Les Overheads

Première constatation à l'écoute d'une piste stéréo d'Overheads, on entend l'ensemble de la batterie presque aussi fort que les cymbales !
L'explication vient du fait que les deux micros sont placés au-dessus des deux cymbales, donc reprise du reste de la batterie.

Après avoir traité de manière classique les overheads, en atténuant les graves très largement avec un creux très prononcé dans les 170 Hz pour tuer une résonance de la pièce d'enregistrement et en ajoutant modérément de la brillance entre 4 et 11 kHz, on constate une nette amélioration. Mais il subsiste néanmoins un son brouillon dès que cette piste est ouverte.

Première idée, avancer cette piste d'environ 70 échantillons pour simuler un rapprochement des micros de l'équivalent de soixante centimètres, car la hauteur de la prise de son des overheads est d'environ 1m40.
Là encore, un mieux certain, mais encore insuffisant pour résoudre le dilemme entre manque de cymbales ou trop d'ambiance de batterie...

Deuxième idée, plus artisanale, qui demande un peu de patience, mais pour un résultat diablement plus éfficace: caler manuellement des échantillons de cymbales de bonne qualité avec deux sons différents (proche des overheads), en veillant à bien synchroniser les attaques et le tour est joué !
Il devient désormais possible de baisser le niveau d'overhead, lissé modérément au préalable avec un compresseur, sans nuire aux cymbales.

La Charleston

Apriori, c'est le plus simple, à condition de bien comprendre le rôle que joue cette piste, car la charleston repasse déjà dans les micros de cymbales et dans la caisse claire, mais avec un son diffus.

Cette piste va donc surtout servir à préciser l'instrument, ce que l'on fera retirant avec un égaliseur tous les graves parasites du reste de la batterie avant de la panoramiquer assez fortement sur le côté pour compenser le centrage stéréo dû aux autres micros.

La combinaison d'un passe-haut à 12 dB/Oct. à 400 Hz, de -20 dB à 200 Hz en shelf, et du fait de creuser sur une bande large autour de 500 Hz et +10 dB à 15 kHz finira par aboutir à un résultat, avec un léger limiteur pour contrôler les différences de niveau un peu prononcées.

Les Toms

Il faut savoir que les toms ont pour faculté de résonner en sympathie avec la grosse caisse et la caisse claire, ce qui est peut-être souhaitable en jazz, mais pas du tout dans le rock par exemple.
Pour le traitement, il faut surtout ne pas oublier que le son d'un tom est le résultat de l'addition de ce qui sort de son micro et de ce qui revient au travers des overheads. Il va donc s'agir surtout de gommer sa principale fréquence de résonance autour de 155 Hz, et par contre redonner des graves, autour de 100 Hz, pour la grosseur du son, tout en coupant sous 90 Hz avec un pass-haut.
De même un petit plus sur les fréquences aigues de 7,5 kHz et une compression avec un temps d'attaque pas trop court viendra ajouter du punch à l'instrument.

Les réverbes

Avous de voir... On peut mettre un peu de réverb sur les toms et la caisse claire, tout dépend du titre, de l'ambiance que vous recherchez. Le sujet est vaste et demanderai l'analyse titre par titre pour créer la couleur d'un album par exemple, le style musical demande un type de réverb plutôt qu'un autre etc.