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comment faire un tube ou une musique commerciale

Ce sujet peut faire sourire certains, exploser de rire d'autres et énerver les plus érudits...mais je vais rassurer tout le monde.

Le but de cet article n'est pas d'expliquer la meilleure façon de réaliser un tube, car en réalité la recette n'existe pas et si elle existe, vous vous douter bien que le secret reste bien gardé pour le commun des mortels que nous sommes. Toutefois, il éxiste une méthode de bons sens, qui aidera les créatifs à ne pas commettre d'erreurs de base. Ce qui permettra aux plus talentueux d'aller à l'essentiel.


Comment concevoir une musique dite "commerciale"?... Pour cela plusieurs phases.

1 - Les Paramètres Objectifs

*La raison économique (coût financier, investissement en retour)
*La publicité (la diffusion médiatique, les concerts, le marketing)
*Le style musical (rock, rap, dance, chansons à textes, etc.)
*La réalisation technique (la qualité de production : son, arrangement, production)

2 - Les Paramètres Subjectifs

*La raison esthétique (les effets de mode)
*La raison sociale (les messages politiques, par exemple)
*Les relations (principalement dans le milieu artistique)
*Le concept d'efficacité (conjuguer simplicité, originalité et musicalité)
*La personnalité de l'artiste.
*L'originalité de la musique et du texte (aseptisé ou anti-conformiste)
*La popularité de l'interprète (débutant amateur ou professionnel avéré)

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LA RAISON ECONOMIQUE "LES MEDIAS"

La raison économique est un des paramètres fondamental. Il est certainement contestable, mais c'est un fait. C'est lui qui aura le dernier mot.
Même si vous pensez que la qualité de votre chanson ou de votre musique est irréprochable, si le vent économique souffle dans une direction opposée à votre produit, celui-ci deviendra sourd à vos arguments.

La raison économique est au sommet de la pyramide et elle n'est pas prête à laisser sa place à quiconque.
Au fond, qui décide de ce que le peuple a le droit d'entendre ? Faute de choix, n'avons nous pas une quasi-obligation d'adopter ce que l'on nous propose ?

Nous ne somme plus à l'époque où en musique classique une certaine caste décidait de ce qui devait être de bon goût. Ce phénomène avait eu pour conséquence de rejeter des œuvres plébiscités par les amateurs de chant lyrique, une "chasse aux sorcières" s'était installée dans le monde de la musique. Une sorte d'autodafé intériorisé avait éliminés 60% des œuvres écrites par de grands compositeurs. Reste qu'aujourd'hui, quelques grands groupes, à savoir les radios nationales, la télévision et les multinationales du disque font toujours la pluie et le beau temps.

De tous, la télévision est le média le plus prudent. Il est souvent le dernier à plébisciter une chanson et son interprète dans une émission de variété… prudence oblige, quand on surveille d'aussi près les points de l'audimat. C'est une audience maximale qui est recherchée par l'ensemble des médias. La place pour le pluralisme, la marginalité provisoire se fait rare.

Imaginons un instant trois grands talents du passé dans des styles très différents de la chanson française : Léo Ferré, Bobby Lapointe et Francis Lemarque. Excepté à l'occasion d'anniversaire ou de rares émissions à relent nostalgique, qui passerait aujourd'hui ces artistes s'ils débarquaient sur la scène ? La chanteuse de rue, Piaf, serait-elle parvenue à tenir le haut du pavé aujourd'hui ? Autre époque, autre style me direz-vous… Hormis quelques radios spécialisées, ces artistes seraient oubliés si des fans-clubs ou des associations n'intervenaient pas au niveau de la mémoire collective. Ce n'est pas un hasard si des rues, des écoles ou des festivals portent leurs noms.

Le chanteur dont le profil est prédéterminé par les marchands, ne peut s'imposer hors du moule. Si le chanteur officie au titre d'interprète, il est également un objet de consommation dans les mains des maîtres du show-biz. Sans être caricatural, il faut reconnaître que la tendance depuis quelques années est de substituer à la voix qui signifie et au texte qui exprime, le concept d'un produit qui se vend. Le tube de l'été est toujours un produit très recherché, même si depuis quelques temps les médias ne courent plus après avec autant de ferveur.

Les artistes déjà en place doivent s'auto-parodier pour continuer à exister. Julien Clerc fait du 'Julien Clerc' (l'expérience de l'album Studio a été justement une expérience), Laurent Voulzy fait du 'Laurent Voulzy'. La pression est grande, même pour eux. C'est la nécessité du marketing qui officie et qui fait la loi.

A l'époque de Brassens, les chanteurs partaient à l'assaut des médias comme on partait en guerre, la fleur au fusil. Il fallait être un battant et y croire. Bien sûr aujourd'hui, nombre d'artistes ont encore la foi, mais le média investit dans l'artiste et le modèle à sa convenance. Si hier, la réussite de l'artiste passait par des scènes prestigieuses (Olympia, Bobino à Paris ou le Carnegie Hall à New York), aujourd'hui ce sont les stades ou les scènes à forte capacité (Zénith de Paris) qui proclament la notoriété de l'artiste.

LA POSITION "COMMERCIALE"

Faire de la musique commerciale (appelé par certains… musique "alimentaire"… !) n'est pas basée heureusement sur un savant mélange d'harmonies, de sons provenant du dernier synthé à la mode ou d'un manuel sur "l'art de composer une mélodie en 10 leçons". C'est avant tout, pour le compositeur, une démarche personnelle. C'est peut-être pour lui, une façon d'accepter des entorses à son "règlement intérieur", à son esthétique créatrice ou bien le signe d'un sentiment fort, une sorte d'appel qu'il ressent rapidement au contact de son instrument.

Prenons l'exemple des compositeurs pour le cinéma. Ce qui est fascinant chez la plupart d'entre eux, c'est la capacité avec laquelle ils passent d'un vieil air à la mode à un style dans l'air du temps, sans oublier leurs capacités à adapter des musiques folkloriques en provenance des quatre coins du monde. Pour peu que l'on s'intéresse de près à un grand compositeur de cinéma, il n'est pas bien difficile de remarquer cela.

Si vous ayez lu des articles concernant la musique de films (La relation entre le compositeur et le metteur en scène), il y est dit que le compositeur est soumis à l'exigence du style du film (aventure, sentimental, dramatique, etc.) et à un "timing" précis sous l'exigence bienveillante du metteur en scène (dans la plupart des cas). Avec une approche musicale aussi exigeante, le compositeur de cinéma est comme un fonctionnaire ; il n'a que très peu de place pour s'exprimer avec une totale liberté.

Pourtant si vous écoutez des musiques de films, les auteurs de ces musiques ont su et ont pu trouver assez d'inspiration pour glisser des mélodies accrocheuses soit au cours d'un générique ou de certaines scènes spécifiques. Ce qui démontre finalement que la popularité d'une musique est étroitement lié à la capacité de celui qui l'a créée et que les contraintes, ici, le temps, la collaboration, le sujet imposé sont souvent secondaires. D'ailleurs, il est toujours intéressant d'écouter les musiques crées par les compositeurs de cinéma en dehors des exigences de cette discipline pour s'apercevoir que le style d'écriture est à peu près le même.

Chaque style a son exigence, la musique de pub doit être reconnaissable dès les premières notes ou accords alors que le compositeur classique a le temps d'exposer son thème principal. Celui qui écrit une chanson ou une musique instrumentale à vocation commerciale est beaucoup plus libre que le compositeur de musique de films. Ses restrictions se limitent au soucis de coller aux habillages imposée par les modes du moment. Si à une époque un titre dépassait 3 minutes, il était rejeté ; aujourd'hui, ce n'est plus un critère majeur. Par contre la production des musiques s'est standardisée.

Présenter un morceau qui ne tourne pas rond ou au mixage défaillant, c'est le rejet de la maquette. Nous ne sommes plus au temps du début des Beatles. Aujourd'hui, le moindre artiste amateur est dans l'obligation de présenter un produit "propre" pour que son travail soit considéré… les machines sont passées par-là. La frontière entre amateur et professionnel, hier identifiable, à tendance aujourd'hui à se confondre. L'arrivée de nouveaux styles comme la musique techno, essentiellement basée sur l'emploi de machines, a permis à de nombreux artistes de produire des musiques avec une bonne qualité sonore et des moyens quasi familiaux. Mais dans la plupart des cas, la différence essentielle se situe au niveau du choix des possibilités de production ; un home-studio ne pouvant rivaliser avec les gros studios d'enregistrement (traitement acoustique ou intervention de grandes formations, par exemple).

LA RYTHMIQUE COMMERCIALE : MESURE ET TEMPO

Les "habillages" de la musique commerciale sont essentiellement axés sur la prédominance de la rythmique (batterie, basse, guitares, claviers). Depuis une trentaine d'années, sa place est devenu essentielle. Elle en est le moteur central… batterie et basse mises en avant. Tout compositeur actuel doit comprendre les mécanismes des rythmes modernes. Les rythmes métronomiques façon "disco" ont évolué et sont devenus plus techniques. Ils sont aujourd'hui facilités par des machines aux rythmes pré-programmés (roll, breaks). Evidemment, la finesse du talent du compositeur fera qu'il passera outre ses automatismes pour aller vers quelque chose de plus personnel.

La plupart des musiques commerciales sont basés sur du 4/4… le temps des succès en 3/4 est révolu depuis longtemps. Quand une valse rencontre un succès populaire, ce n'est souvent qu'un cas isolé. Cette danse prend souvent sa source dans la nostalgie du temps qui passe. Dans ce cas, sa construction musicale est toujours basée sous sa forme classique et non moderne (jazz ou autre).

L'utilisation de mesure complexe (5/4, 7/4) ou ternaire (6/8, 12/8) se font rares. Le slow ternaire façon années 1960 à disparu. Nous sommes depuis l'apparition de la musique disco dans des rythmes essentiellement binaires. On retrouve dans la musique techno des années 1990 / 2000, l'essence même du rythme disco avec notamment l'utilisation du charleston ouvert/fermé et la pulsation de la grosse caisse à la noire. Seul le tempo est devenu plus vif. Pour renforcer le côté machine, la construction des breaks est devenu l'apanage des programmeurs, utilisant des roulements quasiment impossible à faire de façon humaine.

Petit conseil : au début de la mise en place de la rythmique, partez toujours avec un rythme très simple. Ensuite en fonction de l'aménagement des autres parties (basse, clavier, guitare) vous corrigerez la partie batterie/percussion. Bien sûr, ce n'est pas une règle formelle, mais en construisant votre imaginaire sur un rythme simple, vous avez la liberté de vous évader vers d'autre styles musicaux, alors qu'en utilisant un rythme complexe, même bien construit, celui-ci aura tendance à vous enfermer.

Sauf à avoir écrit votre morceau au départ avec un piano ou une guitare, de façon bien stylée (pas simplement en plaquant des accords), il n'est pas sûr qu'au final, le style dégagé par l'emploi de ces instruments se retrouve comme à l'original… l'intervention des différents arrangements successifs auront peut-être eu raison de leurs constructions.

LES HARMONIES COMMERCIALES

A ma connaissance, les harmonies n'ont pas évolué, c'est le système tempéré qui veut ça. Elles auraient même tendance à régresser par l'emploi économique qu'en font les musiques actuelles. La construction harmonique des chansons d'hier portait la mélodie, elle lui donnait du souffle, elle la relançait.

Aujourd'hui, les harmonies sont employées comme des tableaux sonores qui s'étalent dans le temps, passant d'un groupe de quelques accords tournant en boucle (avec parfois seulement 2 accords) à un autre et ainsi de suite, créant un phénomène hypnotique dans l'oreille de l'auditeur, comme une mise en conditionnement. Les harmonies ne sont plus là pour suggérer une surprise, un étonnement, mais plutôt pour conforter et conserver l'auditeur dans un baume auditif.

L'utilisation des harmonies, bien que reposant pour la plupart sur des règles et des lois acoustiques, est étroitement liée à la personnalité du compositeur. Il est le seul maître à bord dans leurs utilisations. Certains compositeurs sont prolixes et ont tendance à mettre sous chaque note de la mélodie un nouvel accord alors que d'autres sont plus économes. Il n'y a dans cela aucun calcul. Il existe pour chaque compositeur une façon instinctive de conduire les harmonies, de se les approprier. Tous les compositeurs n'accordent pas la même importance à l'harmonie. Ainsi, le compositeur allemand Jean-Sebastien Bach a matérialisé leurs emplois à l'extrême, bien plus que Mozart ou Beethoven, n'hésitant pas à les utiliser comme fil conducteur dans ses préludes et ses fugues.

L'ORIGINALITE DE LA MUSIQUE ET LA RAISON ESTHETIQUE

L'ascendance de la musique sur le texte n'a cessé de prendre une place de plus en plus importante. A part pour certains courants, comme le rap, le texte des chansons a été sacrifié ou allégé au maximum pour laisser place à la musique. Le compositeur devant cette responsabilité est face à un problème : doit-il se sacrifier sans compromis ou tenter de garder une part d'inspiration originale, même marginale ?

Tout compositeur ayant essayé de prendre une direction "commerciale" s'est posé la question. Si l'on souhaite s'émanciper en créant un style, ce sera plus difficile mais plus authentique. Un compositeur peut-être reconnu pour ses qualités artistiques par les gens du métier sans que sa musique soit populaire. Il existe là, une notion que beaucoup de musiciens ne comprennent pas toujours très bien. La gratification et la position de l'artiste "commercial" est d'être adulé plus par ses performances au niveau de la vente que pour ses qualités techniques et inventives, aussi évidentes soient-elles. Evidemment, quand toutes ces notions se conjuguent c'est mieux. Il ne faut donc pas chercher à épater, mais plutôt apprendre à séduire par un propos commercial porteur. Le musicien doit-être un businessman, or il n'est pas dans les attributions de celui-ci d'avoir l'apanage du parfait vendeur, il doit l'apprendre par ses propres moyens !

Une composition est "commerciale" quand la projection intellectuelle de son créateur est en adéquation avec la sensibilité d'un maximum d'individus à un instant donné. C'est donc difficile et hasardeux… pourtant certains artistes sont connus pour la facilité à créer des mélodies ou des harmonies accrocheuses. Doit-on parler alors de capacité intellectuelle particulière, d'une sensibilité hors-norme ? Les mélodies d'antan étaient très différentes de celles d'aujourd'hui… elles étaient plus lyriques. De nombreuses personnes chantaient la mélodie en prenant leur douche, c'était le temps de la chanson dite "populaire". De nombreux airs devenaient des standards repris de génération en génération. Aujourd'hui, c'est plus difficile… la consommation de masse est passé par là… le morceau écouté est aussitôt oublié quand le morceau suivant arrive… c'est le règne de la playlist et du baladeur. La tendance veut que l'on écoute la musique en toile de fond, distillant par-ci par-là quelques surprises sonores.

Le compositeur "commercial" d'aujourd'hui n'est pas seulement un compositeur muni d'un papier et d'un crayon et assis face à son piano, non, c'est un musicien qui a compris que certaines subtilités des compositions modernes sont liées au son, aux moyens informatisés, à la production et au message social qu'il véhicule.

Même si l'ébauche d'une composition peut être fabriquée avec un instrument acoustique, arrivera à un moment donné le problème du son et de son arrangement. Sauf à être entouré d'une personne compétente en la matière, c'est à dire un arrangeur, capable de réaliser une orchestration, mais également de comprendre les subtilités sonores du moment, le compositeur sera obligé de finaliser sa musique avec les moyens du bord : sa matière grise et le ou les instruments dont il dispose pour réaliser sa maquette.

LE MIXAGE SONORE ET LE CONCEPT D'EFFICACITE

La place du son (l'enregistrement) doit tenir une place importante pour le compositeur "commercial". Une fois la composition et les arrangements terminés, il est temps que le morceau tellement attendu voie le jour… qu'il prenne vie. Après l'enregistrement des instruments viens l'étape du mixage. Ses avantages sont multiples : le mixage sonore va en premier lieu affiner la composition et mettre en relief certaines de ses parties à des moments précis tandis que d'autres vont s'effacer, voire disparaître pour revenir plus tard dans le déroulement du morceau. En principe, quand l'arrangement a été bien pensé, le mixage est facilité. L'arrangement dirige en quelque sorte le mixage. Autant dire que cette étape est cruciale et peut définitivement porter ou condamner la composition.

A l'écoute les gens n'entendent pas une composition comme l'entend son créateur. L'attention du compositeur sera peut-être attirée par un détail qui "cloche", alors que personne d'autre ne le remarquera. L'écoute chez la plupart des gens est globale, bien qu'ils soient capables de discerner parfois une différence, mais sans pouvoir l'analyser réellement. Même les professionnels ont à la première écoute, une perception totale de la composition… ça passe ou ça casse ! S'ils demandent à la réécouter… c'est bon signe.

Petit conseil : : si votre travail est soigné, un professionnel le remarquera si son oreille est là pour l'entendre… choisissez alors le bon moment !

Votre composition, c'est une projection de vous à un instant donné. Sa qualité dépend de votre exigence, de votre minutie à élaborer les idées qui la construisent. Sans tomber dans un perfectionnisme à outrance, rare sont aujourd'hui les maquettes qui ne "tournent pas rond" ou qui sont de mauvaise qualité sonore. Si tel était le cas, votre image de compositeur serait mise à mal, quel que soit votre sérieux et votre talent en la matière. Les critères de l'esthétisme ont un poids très important dans la décision finale.

Votre composition est censée faire ses preuves auprès d'un large auditoire. Ce n'est plus une composition jouée toute seule au piano, mais un produit enrobé d'un certain son, d'un arrangement collant à certaines modes et appuyé par votre talent "d'artiste vendeur". Pour enlever des doutes bien légitimes, vous devez tout à la fois faire preuve d'un certain perfectionnisme mais également être tolérant envers un système médiatique qui peut parfois vous décontenancer.

Le concept d'efficacité doit devenir le maître mot du compositeur qui accède à une certaine compréhension du langage commercial où se conjuguent simplicité, originalité et musicalité. Ces trois mots sont très subjectifs, pourtant ils pèsent de tout leurs poids dans le résultat commercial d'une création. Il est difficile de les séparer tant leurs unions font la force.

La simplicité, l'originalité comme la musicalité se réunissent autour d'un mot commun : l'accessibilité… L'accessibilité au plus grand nombre, puisque tel est le but de la démarche commerciale.

LA COMMUNICATION

Un artiste quel que soit son talent ne peut exister sans avoir autour de lui des personnes qui croient en lui… c'est la base même de la raison d'existence d'un artiste. Ecrire des textes ou composer des musiques en vase clos deviendra pour son créateur… son tombeau ! Toutes les formes artistiques sont basées sur la communication… c'est la "drogue" de l'artiste en devenir ! Derrière cette demande, la raison principale pour laquelle il se bat, c'est la notoriété… celle qui reconnaît enfin sa démarche personnelle, basée sur des réflexions, du talent, du goût et de l'initiative portés par une grande volonté.

Les relations ont toujours été le vecteur essentiel de l'artiste. Elles sont pour lui la dynamique de l'estime, la reconnaissance d'un talent ou d'une personnalité. Avoir des relations dans un milieu influent, qu'il soit journalistique, politique ou artistique n'est pas chose facile, car chaque milieu a ses règles de conduite. Etre "introduit" ne suffit pas si l'on n'a pas la manière, le ton ou l'à-propos.

Pour un artiste, savoir parler de son art est un avantage certain pour vendre en retour un produit auquel il croit. Proposer une chanson ou un morceau de musique, c'est comme présenter un grand mets. Il faut apporter aux convives des observations concernant le raffinement des arrangements musicaux, l'originalité du mélange des sons ou le savant dosage des mots usités. Ils doivent sentir la différence, l'exceptionnel dans ce qui est parfois un produit banal. La composition en elle-même est insuffisante, l'art de l'enrobage, du sucré, c'est la touche finale, c'est un plus qui fera la différence entre l'artiste péblicité et ses concurrents. L'artiste doit apprendre à vendre, si ce n'est se vendre pour marquer sa singularité.

La promotion est donc capitale et les relations font partie du cortège. L'artiste reconnu rayonne à la façon de l'araignée qui tisse sa toile en utilisant ses relations. Mais attention ! … prendre des relations dans son filet est un jeu dangereux qui peut se retourner contre soi. Courir après des relations ne signifie pas la garantie d'une réussite totale !

EN REALITE...

Contrairement à ce que l'on croit souvent, il n'existe pas de profil type. Très souvent, la personnalité du compositeur se définit souvent par un individualisme assez important. Il est difficile en effet d'écrire de la musique à plusieurs ou de partager ses idées créatrices, sauf à répartir les tâches de façon méthodique. Par exemple, le matériel brut du compositeur passe dans les mains d'un arrangeur ou d'un orchestrateur qui va ensuite l'affiner. Les auteurs-compositeurs qui co-signent des titres sont rares, même quand la pochette prouve le contraire. A la base, c'est souvent un arrangement commercial entre les intervenants. Les titres co-signés entre John Lennon et Paul McCartney des Beatles en sont un bon exemple.

Le compositeur "commercial" est un musicien qui a compris que travailler la technique instrumentale ne rime pas forcément avec maîtrise de l'art. Face à la page blanche, le musicien comme l'écrivain n'est soumis à aucune règle stricte. Il peut commencer par une note ou un accord sans règle établie.

Toutefois, avec le recul, il est toujours possible d'intellectualiser la réussite d'un morceau. A titre d'exemple, on peut signaler toute l'importance de l'accord en point d'orgue qui sert d'introduction au morceau A Hard Day Night des Beatles. Celui-ci a peut-être tout changé dans la réussite commerciale de cette composition, surgissant telle une harmonie magique lançant la mélodie. Comme quoi, en musique "commerciale", un petit détail peut tout changer !

Le côté instinctif doit toujours prédominer, dans une imagination sans limites et sans règles formelles. La personnalité du compositeur "commercial" doit souligner ses passages musicaux avec une grande simplicité. Il doit être à l'essence même de la musique. Quand le compositeur a recours à ses connaissances techniques, ce n'est que pour apporter un discours plus fluide et plus compréhensible. La technique n'est pas utilisée pour devenir une règle académique, elle est juste un moyen de cadrer sa pensée quand c'est nécessaire. La technique se situe au niveau où l'imaginaire est libre, sans être entachée par des raisons purement identitaires.

Il faut toujours relativiser par rapport à ce que l'on crée. Il est normal d'être heureux quand on sent, comme par intuition, que ce que l'on a trouvé à quelque chose d'original et de personnel… mais ce n'est pas une raison de crier misère quand rien ne vient. En musique, il faut toujours faire preuve d'une certaine sagesse. La musique a cette force de vous l'apprendre si vous allez vers elle. Il ne faut pas rechercher la créativité, elle viendra à vous que si vous vous ouvrez à elle.